Une simplicité, une légèreté, «la parole vraie», disait-il lui-même. Sa prose touchait une large foule de fervents lecteurs, épris d’une écriture qui parlait de lumière, de pureté, de beauté, d’amour et d’enfance («le vivant en soi»). «Il n’y a pas d’autre raison de vivre que de regarder, de tous ses yeux et de toute son enfance, cette vie qui passe et nous ignore», écrivait Christian Bobin dans la Nuit du cœur (2018). Le poète n’a «jamais rien fait d’autre que de regarder» et «écrire est une branche de l’arbre du regard». Dans la Nuit du cœur, l’auteur passe une nuit dans la chambre numéro 14 de l’hôtel Sainte-Foy, qui donne sur un flanc de l’abbatiale de Conques. C’est un observatoire sur le menu monde et lui reste l’impression d’avoir vécu une transfiguration à son retour chez lui, au Creusot (Saône-et-Loire). Dans cette ville ouvrière où il était né le 24 avril 1951 («Je suis né dans un berceau d’acier») et qu’il n’avait quasiment pas quittée («Voyager ? Non, non. J’ai horreur de ça»), Christian Bobin est mort à 71 ans. Gallimard, son éditeur depuis 1989 et la Part manquante, l’a annoncé vendredi.
Disparition
Christian Bobin aux anges
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Poésiedossier
Christian Bobin en 2012. (Manuel Braun/Libération)
publié le 25 novembre 2022 à 19h29
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