Tout engouement pour l’œuvre considérable d’Edith Wharton est difficile à expliquer au néophyte, tant l’extérieur est rébarbatif. Fille du privilège et dure en affaires, elle a accru sa fortune par le succès phénoménal de ses livres au début du siècle dernier. Truman Capote et Scott Fitzgerald lui vouaient une admiration sans borne, tant pour sa technique romanesque que pour sa durabilité. Une parution en feuilleton d’un nouvel ouvrage de Wharton dans les pages du magazine Scribner’s était toujours un événement. Et pourtant elle fut oubliée pendant un demi-siècle, reléguée par le public et les spécialistes au rang de curiosité littéraire. Comme personnalité, elle ne faisait pas plus envie que ses livres, souvent qualifiés de «romans de mœurs» comme ceux de son douteux ami Paul Bourget qui l’a introduite dans le milieu littéraire français à partir de la Grande Guerre : une grande femme impérieuse à faux-culs, engoncée dans ses boas et fourrures, la lèvre inférieure volontaire, rouflaquettes aplaties haut sur le front, c’était une figure imposante mais guère attirante. Sa vie personnelle, tout en voyages, dîners et achat de villas, ne milite pas pour elle non plus. Elle a longtemps vécu en France et a reçu la Légion d’honneur pour ses efficaces
Anthologie
«Chroniques de New York» d’Edith Wharton, l’âge de l’insolence
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Le cahier Livres de Libédossier
Edith Wharton (1862-1937) dans les années 1890. (Bridgeman Images)
par Philippe Garnier
publié le 21 juin 2024 à 15h55
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