Marc Villard, c’est une musique littéraire qui ne ressemble à aucune autre. Des phrases courtes et directes, sans fioritures, qui vous transportent aussitôt dans un lieu, un décor, une ambiance, au plus près de personnages décrits dans leur moindre détail, de leurs vêtements à leur démarche. Le tout crée un rythme d’autant plus tendu que cet auteur discret, que la noirceur du monde alimente à jets continus, aime écrire court. Longtemps graphiste, il joue avec les lignes et les images, décrivant les rues de Paris comme ses quais de gare ou de métro d’un trait vif et précis, croquant les paumés, les laissés-pour-compte, les prostituées, les femmes battues avec la même curiosité et peut-être aussi la même tendresse.
Son dernier recueil est composé de deux novellas, En danseuse et Ciel de réglisse qui a donné son beau titre à l’ensemble, ainsi que de six nouvelles autour du jazz, la grande passion de Marc Villard. En danseuse est le texte le plus poignant. Il commence dans une ruelle de Homs, en Syrie, où Bilal cherche à fuir le malheur semé par Bachar al-Assad et les islamistes : «Il essaie d’imaginer un pays qui pourrait l’accepter sans passeport, sans identité, sans patrie.» Le texte se poursuit du côté de Château-Rouge, à Paris, où une jeune originaire de Marseille, Sylvia, est logée par un ex-libraire devenu handicapé moteur, Daniel, en é