La première fois, c’est à Barcelone, avec Diego, un ami de son professeur d’espagnol, avec qui elle aura une liaison un peu plus tard. Elle a 17 ans. Mais le premier, celui par lequel le livre commence, c’est Michelangelo. «Il est ouvrier au chantier naval là où travaillent mon père, mon oncle.» Elle a 16 ans. Il l’emmena un dimanche «dans les bois […], m’allongea doucement, se défit et approcha sa verge érigée d’entre mes cuisses. Ça cognait dans le sang, ça cognait contre mon sexe qui ne s’ouvrait pas. Il renonça sans humeur.»
Préambule de Cinquante-six, récit de Carol Vanni, danseuse, aujourd’hui écrivaine installée à la campagne : «56 c’est mon âge, les derniers chiffres inversés de mon année de naissance, le numéro de la carte routière Paris-Reims de mon grand-père, le nombre d’amants avant Achillle (avec trois l)». Achillle est parti quand son prénom apparaît. Comment «survivre» ? En plantant trois cent cinquante fraisiers avec une amie maraîchère. Elle en a récupéré trois cents, laissant cinquante pieds à l’autrice qui se trouve soulagée lorsque l’hiver les ratiboise. Fracture de la hanche et du poignet, cheveux blancs, cataracte opérée, vue retrouvée : le présent de l’âge se faufile parmi les prénoms masculins.
Elle se laisse enlever par Leonardo qui l’emmène en Calabre. Simon compose la musique de ses spectacles. Avec Edmond, elle continue de travailler quand le sexe ne les réunit plus. A 30 ans elle rejoint Norbert à Marseill