Née en 1966 aux Etats-Unis, Claire Messud a plusieurs origines. Elle est française par son père, canadienne anglophone par sa mère. L’Etrange Tumulte de nos vies, son sixième roman, est autobiographique et court sur soixante-dix ans, selon une chronologie chahutée. Il se déroule en Australie, au Canada, aux Etats-Unis, dans le sud-est de la France, et en Algérie, avant l’indépendance. Gaston, le grand-père de Claire Messud, y fut attaché naval en 1940. L’Algérie, c’était chez lui. Puis lui-même, sa femme et ses enfants (l’un est le père de Claire Messud) sont devenus des pieds-noirs. Dans un joli prologue, Claire Messud annonce raconter les vies de ses proches qui forment, avec sa propre existence, des constellations : «Le passé tournoie avec le présent». Elle ajoute : «Peu importe où je commence, au fond. Nous sommes toujours au milieu. Où que nous nous tenions, nous n’avons toujours qu’une vision partielle». Ce roman rapproche des identités qui coexistent rarement, les pieds-noirs et l’Amérique du Nord. Le texte frappe par la quiétude du regard porté sur cette famille. Le grand-père de Claire Messud avait écrit ses Mémoires dans les années 1970, à la main, à l’attention de ses deux petites-filles. Il avait dit : «Vous mettrez sans doute trente-cinq ans à les lire.»
Roman 
Claire Messud : «Le fait d’être déracinée définissait l’histoire de notre famille»
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Rencontre avec l’autrice américaine aux attaches algériennes à l’occasion de la sortie en France de «l’Etrange Tumulte de nos vies».
Claire Messud, à Paris, en mai.  (Florence Brochoire/Libération)
Publié le 05/09/2025 à 15h54
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