Si toutes les vies méritent, dit-on, d’être racontées, certaines, plus que d’autres, témoignent de l’Histoire, notamment pour y avoir joué un rôle. Ainsi Claude Servan-Schreiber est-elle à la fois la témoin et l’actrice d’un monde que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, rappelle la préfacière de cette belle autobiographie. Leurs aîné·es relient ce patronyme aux grands hebdomadaires, tels l’Express et l’Expansion ; les féministes de la décennie 1970 y reconnaissent, elles, une des leurs, en lutte pour le droit des femmes à contrôler leur fécondité, et les militantes paritaires, l’une des initiatrices, vingt ans plus tard, du mouvement en faveur d’une égalité politique entre les sexes, à inscrire dans la loi.
La «bataille de Shanghai»
Or, les origines de Mlle Sadoc ne s’enracinent pas dans le terreau féministe, mais dans celui de la Seconde Guerre mondiale. Avec «ses destructions massives et ses 100 000 morts», la «bataille de Shanghai», où est née l’autrice en 1937, «constitue la matrice de [son] enfance», jusqu’à «coloniser [ses] neurones au point de modeler [son] caractère, [ses] choix, [ses] opinions». Pourtant, la famille, endeuillée en 1945 par la mort de l’aînée, rejoint rapidement les Etats-Unis. Bien avant son arrivée en France, six ans plus tard, la petite Claude se passionne pour le roman national qui fait naître son envie de raconter des histoires et, sans doute, sa vocation journalistique. Grâce à