C’est une histoire biblique, donc infernale. Elle se passe au Salvador entre 1980 et aujourd’hui, pendant l’une des guerres civiles les plus sauvages du XXe siècle et, après les accords de paix de 1992, dans la longue période d’amertume et de désillusion qui suivit, période dont ce petit pays d’Amérique centrale fertile et «connu pour ses spots de surf et ses paysages montagneux» (Wikipédia) n’est jamais sorti. Histoire biblique, car la tragédie tisse, dans un village et dans la ville, au sein d’une famille paysanne, trois générations de femmes liées à la guérilla communiste, et parce que la manière dont Claudia Hernández, elle-même Salvadorienne, écrit cet enchaînement et cet enchevêtrement de vies martyrisées et résistantes, les transforme en destin, presque en mythe, à la fois ancré dans un lieu et hors du temps.
A lire aussi
Celles qui ont traversé l’enfer continuent d’être traversées par lui, dans leur vie quotidienne ; et pourtant, quand on ne les tue pas, même si on les vole, même si on les viole, même si on viole leurs filles, ces femmes continuent : «Dans le contexte de la guerre, le futur n’existait pas, être accompagné ne signifiait pas grand-chose et être enceinte était une façon de survivre, de se perpétuer, même si certains considéraient que tout cela était précipité et caractéristique des espèces faibles.» Défriche coupe brûle conte comment des femmes vivent et survivent aux circonstances qui pourraient ou devraient les tuer ; et comment elles le pensen