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Clément Camar-Mercier, on partage l’addiction

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Le Roman de Jeanne et Nathan», l’amour apparaît pour que la vie prenne un sens, «rétrospectivement, certes, mais c’était déjà pas mal».
«La science-fiction s’était donc trompée : la drogue du futur n’est pas celle qui nous permettra de fuir la réalité, mais celle qui réussira à nous donner envie d’y vivre.» (Jonathan Raa/NurPhoto. AFP)
publié le 15 décembre 2023 à 15h07

«C’est donc l’histoire d’un professeur d’université toxicomane qui tomba fol amoureux d’une actrice pornographique, elle aussi toxicomane. Et inversement.» Ce résumé, si c’en est un, du Roman de Jeanne et Nathan, surgit au bout de quasi deux cents pages, ce qui montre que ce n’en est pas un. Car les deux personnages ont une vie avant de se rencontrer et c’est cette vie les menant à la même clinique le sujet principal du premier roman de Clément Camar-Mercier, dramaturge et traducteur de 36 ans. Au début, Jeanne tourne une version pornographique de Phèdre, première étape d’«une relecture des mythes grecs pas si éloignés de leur réalité ontologique. Oui, où trouve-t-on aujourd’hui des scénarios où l’on couche avec sa mère, où l’on viole une fille devant les yeux du père, où l’on humilie avec plaisir, où l’on se couvre de sperme, où le désir est si fort qu’il nous fait perdre tout moyen et où les fantasmes n’ont pas de limites ? Maintenant que les livres et les films ne devaient parler que de ces choses chastes et réalistes qui l’avaient toujours ennuyée, il ne lui restait effectivement que les scénarios de l’industrie pornographique pour espérer se hisser à la hauteur de l’imagination débridée des fondateurs de la démocratie». «Jeanne rayonnait dans la déchéance.» Mais son activité professionnelle ne suffit certes pas à son bonheur (elle préférerait devenir présidente de la République, ce qui ne se fera pas), d’où son addiction. Celle de Nath