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«Colombey est une fête», de Joyce à de Gaulle avec «transition»

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Le cahier Livres de Libédossier
Aurélie Chenot retrace l’histoire du domaine de La Boisserie, en Haute-Marne, qui a d’abord appartenu à Eugène et Maria Jolas, cofondateurs de la revue littéraire, puis au Général.
La Boisserie, en avril 1972. (Pierre Guillaud /AFP)
publié le 18 mars 2022 à 21h23

Le général de Gaulle n’est pas le nom qu’on accole spontanément à transition, la revue fondée en France en 1927 par les Américains Eugène (1894-1952) et Maria (1893-1987) Jolas avec Elliot Paul, et qui publia en feuilleton le work in progress de James Joyce qui, comme Eugène Jolas fut le premier à le deviner, allait s’appeler Finnegans Wake. Et aussi une foultitude de créateurs marquants : grâce à eux, écrit Aurélie Chenot dans Colombey est une fête, «les noms de Kafka, Beckett, Joyce, Desnos, Prévert, Fargue, Arp, Ernst, Klee, Léger et de bien d’autres, écrivains ou artistes, ont dépassé les frontières de l’Europe pour la première fois». Parmi les «bien d’autres» : Breton et le premier chapitre de Nadja traduit en anglais avant d’être publié en français, Cartier-Bresson, Kandinsky, Malevitch, Man Ray, Calder, Brancusi, Berenice Abbott, la première traduction anglaise de Gide.

«Vaniteux comme un cheval de course»

Qui imagine le général de Gaulle là-dedans ? Il se trouve que les Jolas quittèrent Paris pour un endroit plus propice à l’organisation de la revue et que cette propriété fut La Boisserie, à Colombey-les-Deux-Eglises, dont la famille de Gaulle (le général n’était alors que colonel) devint propriétaire et où le grand homme mourut en 1970. C’est de là que vient le livre. Habitant juste à côté de Colombey, Aurélie