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«Comment je meurs» de Peter Schjeldahl lu par Emma Voisin, informaticienne

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui les fragments d’un compte à rebours.
Peter Schjeldahl, à New York, en 1987. (Ruby Washington/REDUX. REA)
par Emma Voisin, informaticienne
publié le 28 février 2025 à 22h37

Comment réagirait-on si on nous annonçait qu’il nous reste six mois à vivre ? Peter Schjeldahl, lui, a écrit Comment je meurs, drôle de bout en bout. Je n’avais jamais entendu parler de lui. Je l’ai découvert en passant devant la boîte à livres de l’immeuble. Elle se trouve juste avant la porte cochère, dans une niche du mur. Chacun y dépose ce qu’il a lu et ne veut pas garder (ou veut partager). On y trouve des bouquins anciens, écornés et rincés par l’usage, celui-là était pétillant et jeune, avec une photo noir et blanc d’un couple qui regarde le lecteur, elle au regard franc et beau sourire, lui a priori moins avenant, les yeux plus méfiants mais pleins d’intelligence. Et hop, je les ai emmenés avec moi en partant un matin au travail, me le réservant pour les transports en commun. Je n’ai pas regretté.

Des joints, de l’acide ou de la DMT

Peter Schjeldahl est un grand critique d’art (Village Voice, New Yorker), ou plutôt était, il est mort en 2022, et ce livre écrit en 2019 était testamentaire. Première phrase : «Cancer du poumon, invasif. Pas vraiment une surprise.» Il a 77 ans et fume depuis l’âge de 16 ans. On s’attend à lire des mémoires ou une confession. Eh bien non, c’est plus fin. C’est pas son truc, retracer sa vie, peut-être parce qu’en critique, il l’a passée à parler de celle des autres. Pourtant, on lui a même donné de l’argent pour le faire. Le Guggenheim lui avait accordé une bourse pour écrire ses mémoires vingt ans auparavant, il a dépensé la totalité de la somme pour ac