Menu
Libération
Libé des écrivain·es

Comment la France s’arrange avec l’histoire, par Anne Weber

Article réservé aux abonnés
Le Libé des écrivain·esdossier
Ce qui ne m’aurait pas frappé en France si je n’étais pas née en Allemagne.
Notre monde coutumier peut connaître d’autres lectures, renvoyer à d’autres événements, comme le 8 mai 1945. Ici, la station du même nom à la Courneuve. (DR)
par Anne Weber
publié le 10 avril 2025 à 20h34

A l’occasion du Festival du livre de Paris les 11, 12 et 13 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour cette 18e édition du Libé des écrivain·es. Retrouvez tous les articles ici.

Venant d’un pays dont, pour de bonnes raisons, toute expression de fierté nationale, de gloire militaire, le terme même de «patrie» (Vaterland) a été bannie pendant des décennies, et qui n’a eu d’autres choix que d’assumer des crimes trop monstrueux pour être mis sous le tapis, j’observe tantôt avec un peu d’envie, tantôt avec incrédulité l’orgueil avec lequel la France officielle aborde son histoire. Certains endroits en banlieue m’ont incité à y réfléchir.

La cité HLM de la Muette à Drancy a servi de camp d’internement sous l’Occupation. L’une des plaques fixées dans le sol près du mémorial aujourd’hui érigé devant la cité évoque les crimes contre l’humanité commis en ce lieu «sous l’autorité de fait dite gouvernement de l’Etat français». Mais quelle trouvaille, cette formule ! Le camp avait été placé sous la responsabilité d’un préfet de police français, les prisonniers étaient arrêtés et emmenés là par des forces françaises – mais la vraie France éta