On peut rire de tout (sauf de sa mère), titre dont la limitation est mensongère comme on va voir, ramène les juifs à une caractéristique qui ne les caractérise pas ces temps-ci : l’humour. Divisé en cinq parties sous les égides successives de Moïse, Jésus, Marx, Freud et Einstein, l’album est constitué d’histoires juives que Constance Lagrange, née en 1991, n’a pas inventées mais illustre en une page et parfois un seul dessin. Les généreuses prières adressées au Mur des lamentations se heurtent de fait à un mur. Pas inédites, ces blagues ne sont cependant pas très connues, la preuve étant que celle qui l’est le plus ne l’est pas puisqu’elle détourne l’histoire originelle. Un fils à qui sa mère a offert deux cravates craint qu’elle lui reproche de ne pas aimer l’autre s’il porte l’une. «Mets les deux en même temps», dit la femme. Et la mère : «Ta femme te dit de mettre deux cravates et tu le fais ? Oy, je t’avais bien dit qu’elle allait te rendre fou !»
«Tu me fais ma valise ?»
Constance Lagrange explique son projet dans le dossier de presse. «J’aime l’idée que le rire est la seule chose que l’on peut emporter avec soi et transmettre aux générations suivantes, quels que soient les endroits où les aléas de l’histoire nous trimballent…» Elle a vite compris que l’efficacité d’un dessin ne tenait pas à sa beauté «académique». «Ce qui compte, c’est l’instantanéité, la justesse, la simplicité ! Comme pour une blague d’ailleurs. […] Quand on raconte une blague, on dit ju