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«Constellucination» de Louise Bentkowski, lu par Ivet Blanc-Benoît, professeure de lettres

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui des «petits bouts du monde» glanés.
Louise Bentkowski, en avril. ( Jean Doroszczuk)
par Ivet Blanc-Benoît, professeure de lettres
publié le 12 octobre 2024 à 1h45

Que faire du nom dont l’on hérite malgré́ soi en naissant et qui nous lie aux morts et aux malédictions familiales, mais aussi aux vivants à venir, comme ce «iel» au genre flottant, cet «arrière-arrière-arrière petit.e. enfant» à l’autre bout de l’avenir ? La narratrice, comme l’autrice, porte celui de Bentkowski, toponyme d’une vallée de l’Indus où ses ancêtres au hasard d’exils successifs les menant de Pologne en France, ont été contraints de se sédentariser un jour. Elle choisit d’en faire des constellations d’histoires, cousues au sens étymologique du terme en «rhapsodies», qui l’hallucinent selon le magnifique néologisme de son titre : Constellucination. Par «analogies naïves», au fil des dix-huit chants de ce qui relève à la fois du récit, de l’essai, et du long poème en prose, avec une grâce sensible et une douce fantaisie, elle réussit à «coudre les petits bouts du monde glanés dans ce grand patchwork» d’histoires reliées à d’autres histoires. Celles de sa famille, mais aussi celles des mythes grecs, des contes inuits et des légendes aztèques.

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