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Comment ça s'écrit

Coover et Spiegelman, robots pour être honnête

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Chaque semaine, une nouveauté littéraire chroniquée par Mathieu Lindon.
«Street Cop» de Robert Coover et Art Spiegelman. (Flammarion)
publié le 21 novembre 2021 à 14h06

Street Cop, on dirait Humphrey Bogart et son imper à la Columbo dans un film de science-fiction, un polar à l’ancienne dans un décor ultramoderne où ce ne sont plus les personnages mais l’humour lui-même qui est désabusé. L’époque a changé, même les tueurs, souvent, ne sont plus à la mode. «Se faire arrêter par des robots : la honte désormais pour un assassin.» Finie, la «clarté contrastée — bien /mal, juste /injuste, innocent /coupable». Fini, le temps où, «un homicide, c’était toute une affaire». «Qui suis-je ? demandait le cadavre. Comment suis-je arrivé là ?» Et «chaque affaire était confiée à des enquêteurs dévoués à feutre mou qui écumaient le voisinage». Mais Bob Dylan l’a chanté, The Times They are A-Changin’. «Les criminels devinrent plus intéressants que les enquêteurs, qui ne pouvaient que pontifier à l’ancienne, tandis que les assassins condamnés à la chambre à gaz ou à la chaise électrique avaient souvent des choses caustiques à dire, des choses encore jamais entendues. […] Le temps des énigmes était fini, celui de la misère avait commencé.» Voilà que «l’espace et le temps avaient fini par se mélanger». «Les effets ne suivaient plus nécessairement les causes, tout était hésitant et illusoire. Des gens se faisaient tirer dessus et mouraient comme par le passé, mais pas forcément dans cet ordre.» Et cette dernière phrase apparaît justement dans un dessin avant qu’on ait pu la lire, parce que le texte de Rober