Première bonne nouvelle : le Passager et son drôle d’appendice Stella Maris (sortie le 28 avril) marquent le grand retour de Cormac McCarthy. Pas seulement après le hiatus de seize ans qui a suivi le douteux succès planétaire de la Route, mais surtout parce qu’il marque un retour à la veine comique qu’il creusait dans les années 60 et 70 – s’il est possible d’user d’un tel adjectif à propos des histoires d’ermites nécrophiles et autres pendaisons atroces qui émaillaient ses premiers livres. Plus de quarante ans séparent le Passager de Suttree, le livre fleuve qui clôturait sa série de romans appalachiens, mais il y a une filiation certaine entre les deux œuvres, même si l’une est en crue et l’autre endiguée avec autant de fantaisie que de maestria – et une technique romanesque d’une originalité qui en indisposera sûrement plus d’un. C’est comme si l’auteur, à 90 ans, avait sauté tout un pan de son œuvre – sa saga du Sud Ouest américain inaugurée en 1985 avec le magistral Méridien de sang, suivi de la trilogie du désert, et même le détour postapocalyptique de la Route. Il y a même de nombreux va-et-vient entre la Louisiane, cadre principal du Passager, et Knoxville, Tennessee, où se déroulait Suttree. Beaucoup de personnages du Passager sont natifs de cette ville où McCarthy lui-même, bien que né à Rh
Roman
Cormac McCarthy «le cœur dans la gorge», après seize ans de silence
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Le cahier Livres de Libédossier
Cormac McCarthy, en 2014, au Nouveau-Mexique. (Beowulf Sheehan/Beowulf Sheehan)
par Philippe Garnier
publié le 3 mars 2023 à 17h28
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