Du point de vue du strict réalisme, la plupart des trente-trois nouvelles de Correction automatique d’Etgar Keret ne tiennent pas debout. Mais comme l’écrivain israélien né en 1967 y évoque un monde qui ne tient pas debout et d’ailleurs s’écroule, on peut aussi estimer qu’elles relèvent du réalisme le plus strict. Lorsque, à la première ligne du premier texte («Un monde sans perches à selfies»), on lit : «Quand j’y repense, je n’aurais pas dû crier après non-Debbie», comme l’étrange tiret arrive à la fin de la ligne, on pense à une éventuelle coquille. Mais non. Ce n’est vraiment pas Debbie et bien «non-Debbie» provenant à la fois d’un jeu télévisé et d’un «monde parallèle» comme il y en a plusieurs dans le recueil, et non-Debbie sera exaucée en n’étant «pas tombée sur celui qui n’avait pas de préservatifs» lorsque, monde parallèle ou pas, amour et sexualité ne seraient pas mécontents de recevoir leur dû. Dans une autre nouvelle, cette même volonté se manifeste différemment. La drogue donne à Yogav le courage d’aborder une belle Norvégienne : «Si Dieu descend d’un nuage et me demande ce que je souhaite, je lui dis de me donner dix minutes pour te lécher. S’il me dit : “Je t’accorde deux souhaits”, je lui demande de me rendre immortel. S’il me dit trois souhaits, je lui balance la paix au Proche-Orient, histoire de soutenir le pays. Mais s’il me limite à un seul souhait, alors je veux te lécher, c’est tout.» Dieu ne s’en mêle pas mais
Comment ça s'écrit
«Correction automatique» : c’est votre dernier mot, Etgar Keret ?
Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Dossiers liés
Edgar Keret, écrivain israélien né en 1967. (Lielle Sand)
par Mathieu Lindon
publié le 4 avril 2025 à 16h32
Enquête Libé
Dans la même rubrique