Si la couverture donne le ton (une planche anatomique et un titre qui désigne la substance azotée jouant un rôle dans le stockage et la contraction musculaires), c’est au dos du volume que les lecteurs risquent en premier lieu les complexes : né en 1997, l’auteur, Victor Malzac, poète et agrégé de lettres, a «déjà» publié trois recueils : Respire (La Crypte, 2020), Dans l’herbe et Vacance (Cheyne, 2021 et 2022). Voici son premier roman en forme de performance : de l’enfance à l’âge adulte, un narrateur raconte comment il est devenu un homme, un vrai, en trouvant sa voie dans le culturisme. Le monologue est tout entier tenu et porté par une langue ad hoc, orale, gamine, puissante – laquelle constitue la prouesse de l’ensemble : il fallait la trouver, souffle et timbre, y croire et la travailler sur la longueur pour que le prodige opère. Et même si l’on traîne parfois des pieds avant d’y retourner, force est de constater le résultat : le «monstre» est là, en chair et en nerfs, «meilleur produit génétique de la nature humaine», de même les décors : «une ville sale et industrielle» passée l’adolescence, un antre tapissé de miroirs et surtout une salle de muscu («Muscle3000»). Objectif : «devenir le plus grand sportif de la région Poitou-Charentes» et «est-ce que
Roman
«Créatine» de Victor Malzac, haltère ego
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(Mike Harrington/Getty Images)
par Thomas Stélandre
publié le 12 janvier 2024 à 15h21
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