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Critique

«Croix de cendre», d’Antoine Sénanque : guerre et peste au Moyen Age

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L’auteur signe pour son dixième roman un récit d’aventures aux allures d’épopée spirituelle qui se déroule au XIVe siècle.
«La peste noire» en 1348, gravure dans «Histoire de France en cent tableaux de Paul Lehugeur», 1891. (Bianchetti /Leemage. AFP)
publié le 21 octobre 2023 à 19h28

Devant les murailles de Kaffa (possession génoise en Crimée) assiégée depuis deux ans par les troupes tartares, l’armée mongole est sur le point de se retirer. Vaincue. Face aux remparts, trois machines de guerre n’ont pas été démontées. «Quand le vent se dissipa deux tas de cadavres se faisaient face. Les soldats les saisirent, les installèrent sur les trébuchets et lâchant les treuils, les premiers corps furent projetés dans le ciel. […] Ils tombaient du ciel ; une pluie de cadavres que les pires malédictions de la Bible n’avaient jamais promise à aucun peuple. […] Alors que j’espérais que cette folie allait prendre fin, un claquement retentit et un nouveau corps plongea au-dessus des murailles en perçant la toiture d’une maison du port. Les morts étaient couverts de taches rouges très fines, comme des piqûres d’aiguille. […] Ils dégageaient une odeur de marais, de fermentation fétide et vivante. Et cette vie était effrayante. C’était la vie de la peste.»

Nous sommes en 1345. A la suite de cet acte, l’épidémie se répand dans la ville et contraint les Génois à abandonner à leur tour la ville après la levée du siège. Le retour dans leur pays des marchands italiens infectés sera à l’origine de la deuxième pandémie de peste noire en Europe. Entre un quart et un tiers