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Entretien

Dacia Maraini : «Parler du camp au Japon en 1943 a été une forme de libération»

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Vita mia», publié en réaction à la guerre en Ukraine et à Gaza, la dramaturge et poète italienne revisite son internement dans une prison japonaise entre 1943 et 1945 alors qu’elle était enfant. Et raconte comment sa famille a tenu grâce à l’écriture.
Dacia Maraini, le 4 avril à Paris. (Roberto Frankenberg/Modds pour Libération)
par Arnaud Vaulerin et photo Roberto Frankenberg
publié le 2 mai 2025 à 13h39
(mis à jour le 2 mai 2025 à 16h26)

Le traumatisme l’habite encore, la nuit jusqu’au cœur des rêves. Dacia Maraini avait 7 ans quand elle a été enfermée dans un camp au Japon. C’était 1943. Sa famille, et le groupe d’intellectuels et d’amis avec lequel elle vivait dans l’archipel depuis cinq ans, avait refusé de prêter allégeance à la république fantoche de Salò que le dictateur Benito Mussolini venait de fonder en Italie. Le Japon va-t’en-guerre de Hirohito, allié aux fascistes italiens et aux nazis allemands, ordonne leur incarcération dans une prison de la région de Nagoya. Là, ils sont soumis aux privations et aux humiliations, aux maladies et aux menaces d’exécution, aux bombardements d’un Japon pris pour cible par les alliés.

Dramaturge, auteure curieusement peu traduite en France, poétesse et scénariste, féministe et végétarienne, Dacia Maraini a attendu quatre-vingts ans pour raconter cette histoire dramatique d’une survivante. Son père Fulco, ethnologue et photographe connu, sa mère Topazia, artiste, et sa sœur Toni avaient déjà écrit sur cette éprouvante expérience familiale. Dans Vita mia, elle prend la plume à son tour. Elle revisite du point de vue de l‘enfant qu’elle était alors ces deux ans de guerre qui résonne avec l’Ukraine, Gaza aujourd’hui. Ce livre de souven