Ce terne-là est flamboyant. T. Singer (paru en Norvège en 1999) est le troisième roman traduit de Dag Solstad, né en 1941, après Honte et Dignité(les Allusifs, 2008) et Onzième Roman, livre dix-huit (Notabilia, 2018). Les personnages de Solstad ne volent pas haut, mais le récit de leurs échecs sans ampleur emporte comme s’ils étaient des héros de saga. Dans sa préface, Sophie Divry évoque la biographie du Norvégien (père mort quand il avait 11 ans, mère vendeuse de chaussures, frère s’engageant comme mousse sur un baleinier, et lui-même décrivant son enfance comme une «prison domestique»), avant d’écrire : «Solstad est un prosateur au sens le plus noble du terme ; ses phrases sont des mécanismes proches de la machination.» Et elle cite Jean-Baptiste Coursaud, traducteur des trois romans: «Traduire Solstad, c’est presque un exercice mathématique où l’on doit mettre la virgule au bon endroit. C’est comme un jeu de Lego où à la moindre erreur tout s’effondre.» Les romans de Solstad sont des tentatives d’épuisement d’une sensation, d’une situation, ce qui fait qu’on évoque à leur sujet Thomas Bernhard, mais un Bernhard sans agressivité – ni bonté particulière. Les personnages principaux de Solstad sont aux prises avec leur propre pensée, dont ils n’arrivent pas à se défaire, ce qui oblige ici Singer, «séquestré en lui-même», à vivre «une existence confinée» et à se perdre «dans des cogitations dont il ne parviendra jamai
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Dag Solstad. (Tom Sandberg)
par Mathieu Lindon
publié le 5 février 2021 à 21h21
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