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Roman

Dambudzo Marechera, rage des townships

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Le cahier Livres de Libédossier
Une nouvelle traduction de «la Maison de la faim», premier roman de l’auteur zimbabwéen mort du sida en 1987, à 35 ans.
Dambudzo Marechera. (Ernst Schade)
publié le 30 décembre 2023 à 16h10

Quand il obtient en 1979 pour son premier roman le convoité Guardian Fiction Prize, Dambudzo Marechera est immigré clandestin en Angleterre. L’écrivain de 27 ans qui a grandi dans un township au Zimbabwe, alors Rhodésie, est venu étudier à Oxford, mais il en a été renvoyé. Son alcoolisme, ses excès l’ont peu à peu marginalisé. Il finira par rentrer dans son pays natal devenu indépendant en 1980.

La Maison de la faim reparaît en français dans une nouvelle traduction, c’est un livre court et enivrant. Pourtant la violence de ce qui y est raconté est parfois difficilement supportable. Le narrateur, alter ego de l’écrivain, se fait casser la gueule dès l’enfance, la vie familiale est rythmée par les coups, le grand frère sur sa femme, le père sur son benjamin. Rien n’est épargné aux plus jeunes : un amant pressé tape à la fenêtre de la chambre, la mère pousse du lit l’enfant qui dormait avec elle. Au sol, à même le ciment, il lui faudra retrouver le sommeil malgré le bruit des ébats à deux pas de lui. Des tabassages se succèdent, entre jeunes noirs, par des étudiants blancs, ou encore dans les locaux policiers de la dictature ségrégationniste de Ian Smith.

«Le nom de tous les enfermements»

Dès les premières pages du roman, Dambudzo Marechera emporte par son style à la fois simple et énigmatique. Tout commence par une fuite. «J’ai pris mes affaires et je suis parti. Le soleil se levait. Je n’avais nulle part où aller.» Le narrateur de ce roman d’inspiration autobiographique a quitté la Maison de la