Menu
Libération
Entretien

Daniel Fohr : «Vies sauvages, ça vaut pour les humains comme pour les animaux»

Article réservé aux abonnés
L’écrivain et ancien publicitaire situe son nouveau roman dans un zoo. Entre chronique animale et thriller, l’ouvrage révèle une impressionnante compréhension du comportement de ses occupants, humains et non humains.
Daniel Fohr, à Paris le 28 octobre. (Remy Artiges/Libération)
publié le 8 novembre 2024 à 16h19

Darwin, le chef, règle les conflits, punit les rébellions, protège les mères et les enfants. En échange de quoi, il jouit d’un accès privilégié aux femelles et à la nourriture. Ensuite, il y a Djeke, Groucho, Chico et Harpo, mâles de haut rang, chacun son petit harem de femelles, sauf Harpo qui préfère les mâles. Tous convoitent la place de Darwin. Le jour où Chico est sur le point de faire une très grosse erreur, il se retire au dernier moment et «entreprend de se rouler par terre en poussant de petits jappements, comme un footballeur roublard dans la surface de réparation». Bienvenue dans l’univers impitoyable des babouins d’un parc zoologique, quelque part en France par un jour de canicule.

Dans le zoo, il y a aussi Emma, une femelle orang-outan qui a été pensionnaire d’un bordel de Jakarta avant d’être exfiltrée par une ONG. Et Anil, un yak originaire de Chine qui est littéralement en train de crever de chaud. Son état ne s’arrange pas quand il croque un thermomètre à mercure fourni par le stagiaire équatorien. On compte également 27 espèces de serpents, une tortue plus que centenaire, un marabout à tête de vieux notaire, un lion, ses trois lionnes et leurs petits. On apprend en passant que, dans la nature, beaucoup de lionceaux meurent avant un an, victimes des hyènes «ou de leur père, comme dans les tragédies grecques ou les drames de l’alcool». Il y a aussi et surtout un puma argentin aux yeux vairons (un bleu, un jaune). En suivant les visiteurs et en éc