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Relecture

Dans «Folcoche», Emilie Lanez éreinte Hervé Bazin et réhabilite la mère haïe de «Vipère au poing»

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Archétype de la mauvaise mère, la figure repoussoir du roman paru en 1948 est-elle la victime d’une vengeance littéraire, orchestrée par un auteur aux mille turpitudes ? L’hypothèse est au cœur de l’enquête de la journaliste de «l’Express».

Hervé Bazin, à Paris en 1959. (Keystone France/Gamma Rapho)
ParJohanna Luyssen
Cheffe de service - Société
Publié le 16/10/2025 à 6h28

C’est l’un des personnages les plus haïs de la littérature contemporaine, au point qu’elle en est devenue un archétype, un nom commun même : Folcoche. Mot-valise composé de «folle» et de «cochonne», il désigne la mère abusive du roman Vipère au poing d’Hervé Bazin. Impeccable de méchanceté, c’est «un monstre sans défaut», comme l’écrit Laurence Biberfeld dans le Dictionnaire des personnages populaires de la littérature (Seuil, 2010). Privations, coups, absence de tendresse : dans un château décati de l’Anjou bleu, son fils mal-aimé, surnommé Brasse-Bouillon, sera élevé à l’école de la haine. Il puisera sa force dans cette adversité, pour enfin grandir et partir.

Vipère au poing a surgi en 1948 et cet étrange roman d’apprentissage, qui se veut autobiographique, a été un best-seller fulgurant, puis un classique étudié par des générations d’adolescents. Ce succès a fait d’Hervé Bazin un mandarin de l’empire Galligrasseuil – il présidera l’académie Goncourt de 1973 à sa mort, en 1996. Comme François Mauriac, il dissèque, cruel, la fam