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Déportation

Dans la Kolyma avec Gueorgui Demidov, grandeur des «crevards»

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Un récit de la déportation en Sibérie par Gueorgui Demidov, qui retrace la persistance d’éclats d’humanité au milieu de l’insondable violence.
A Oust-Omtchoug, une colonie sur la route de la Kolyma. (Emile Ducke/NYT. Redux. REA)
publié le 13 juin 2025 à 15h22

La merveilleuse planète, c’est la Kolyma. L’ingénieur Gueorgui Demidov y fut déporté pendant treize ans, entre 1938 et 1951, donc à la pire époque : celle de Iejov puis de son successeur et liquidateur Beria, les deux grands fossoyeurs staliniens du Goulag. La Kolyma, au nord-est de la Sibérie, est bien une planète : à peu près aussi hostile à l’homme que doit l’être Mars. La température peut descendre, pendant neuf mois, jusqu’à moins 60 degrés. Contrairement à Mars, ces montagnes et vallées ne sont alors dépourvues ni d’esclaves ni de chiens tendance nazis. L’un de ces animaux a été baptisé, pendant la guerre, Hitler. Tous mordent volontiers dans les haillons des rares fuyards (à quoi bon fuir dans ce désert gelé ?) et des multiples contrevenants aux intenables objectifs et règlements, dont la seule logique est d’anéantir corps et âme. Le lecteur français sera surpris de découvrir qu’un des pires camps s’appelle Beregovoï.

Qu’il soit étiqueté comme trotskiste, fasciste, terroriste ou simplement contre-révolutionnaire, le