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Littérature

Dans «la Nuit au cœur» de Nathacha Appanah, deux féminicides et un «angle mort»

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L’autrice enquête sur les meurtres de Chahinez Daoud et de sa cousine Emma et retrouve la jeune femme abusée qu’elle fut.
Mérignac, 2021. Sur les lieux de l'assassinat de Chahinez Daoud. (Rodolphe Escher/Libération)
publié le 22 août 2025 à 11h09

Chahinez Daoud, née en Algérie le 3 mars 1990, est morte le 4 mai 2021 à Mérignac (Gironde), assassinée dans la rue par son mari, «MB». Il la guettait, il lui a tiré une balle dans chaque jambe pour l’empêcher de continuer à s’enfuir, l’a arrosée d’essence et mis le feu. Un an auparavant, il a tenté de l’étrangler. Elle s’est débattue. «Parfois il faut rester tranquille et faire la morte. Parfois il faut se débattre, parfois il faut courir», écrit Nathacha Appanah dans la Nuit au cœur, qui, est, comme son livre précédent, la Mémoire délavée, une enquête, non un roman. Le récit, autoréflexif, méditatif, avance prudemment et par spirales, sans faiblir.

MB, d’une jalousie maladive, est un homme séduisant dont personne, à part son ex-femme, ne connaît le passé violent. Chahinez Daoud et lui ont eu ensemble un petit garçon qu’il adore. Elle a deux enfants de son mariage précédent. Elle a divorcé. La personne que Nathacha Appanah cherche à décrire, à «atteindre», a été une femme audacieuse. Mais elle voudrait faire venir en France son fils aîné, resté en Algérie. Et MB en fait un moyen de chantage, il joue avec le pouvoir qu’il a dan