C’est un livre construit comme une sorte d’hôtel, dont Hugues Jallon pousserait les différentes portes, dévoilant derrière chacune d’elles un nouveau pensionnaire un peu tordu, un peu confus. Ce serait peut-être aussi un domino qui s’écroule de mal en pis, chaque personnage menant à un autre moins recommandable, du guru Georges Gurdjieff (mort en 1949), dans la première section de l’ouvrage, à Elon Musk dans la sixième et dernière. Car ces silhouettes qui s’enchevêtrent et se répondent incarnent les visages de l’illuminisme moderne : alchimistes, mystiques, occultistes, mais aussi poètes. Des figures généralement toxiques. Ainsi de Gurdjieff que l’écrivaine Katherine Mansfield, atteinte de tuberculose, alla consulter dans son prieuré et qu’il soigna selon ses méthodes : «Elle n’écrit plus. Elle tousse, elle étouffe depuis des mois. Elle est installée sur un divan dans l’étable, sur un balcon, au-dessus des vaches. Et elle meurt.» Gurdjieff avait prévenu : «Ecrire, c’est merdité».
La première moitié du Cours secret du monde croise en courts chapitres la théosophe Helena Blavatsky (1831-1891),