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Roman

Dans «les Acharnés», Marceline Putnaï et ses misfits

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Un garde forestier vole au secours d’un migrant dans les confins de l’Europe, dans le premier roman de l’écrivaine.
L'écrivaine Marceline Putnaï. (Raoul Dobremel)
publié le 11 juillet 2025 à 15h52

Les Acharnés, premier roman de Marceline Putnaï, est une odyssée dans une Europe psychiquement désaxée et violente. Elle est faite de destins croisés, de routes hasardeuses, comme dans l’immense tradition du picaresque, tel Jacques le fataliste et son maître où le récit s’écrit au long des chemins. Ce sont aussi des histoires de forêts et de terreurs. Il y en a toujours dans les contes et il y en aura plusieurs ici. Le livre s’ouvre sur un bois normand et Georges, un garde forestier, abattu par le spectacle des débardeuses qui s’emparent des hêtres aussi facilement qu’une brindille et les écorchent pour faire des meubles tristes pour centres commerciaux. Cabossé par la vie, accompagné par Mario, son chien beckettien, Georges calme sa colère en sifflant avec les oiseaux ou en se faisant le reporter de la contingence, notant sur ses carnets tout et n’importe quoi : l’herbier du temps, la laisse des jours qui s’appelle le quotidien.

Identifié comme «Dublin»

Une figure traverse le roman, celle du Berserker, enseigne d’un hôtel borgne de Nuremberg représentant un viking qui mord son bouclier pour impressionner ses adversaires. C’est le sens des Acharnés qui veulent survivre : principale préoccupation de Salman, un jeune migrant venu d’Afghanistan que Georges prend en auto-stop et qu’il recueille dans sa maison forestière. Il doit se rendre régulièrement à Rouen pour sa demande d’asile mais il est soumis à la «procédure Dublin», un de ces pièges que seules les administrations sa