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Dans «les Exilés», Louise Michel et deux autres déportés politique perdent racine

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Le cahier Livres de Libédossier
Le journaliste britannique William Atkins suit la route de trois déracinés au XIXe siècle.
Louise Michel au moment de sa déportation a Nouméa, en Nouvelle-Calédonie (de 1873 à 1880). (Leemage. AFP)
par Maïa Sieurin
publié le 8 janvier 2025 à 21h14

«Je suis écartelé comme si on m’arrachait mes membres», écrivait le poète Ovide à propos de son bannissement à Tomis, il y a plus de 2000 ans. William Atkins le cite dans les Exilés et le considère comme son «guide spirituel». Et pour cause. Le journaliste britannique se lance sur les traces de trois déportés politiques au XIXe siècle: Louise Michel, la communarde, le roi zoulou Dinuzulu kaCetshwayo et Lev Shternberg, anthropologue et révolutionnaire russe. A travers eux, ce sont «les fissures induites par l’expérience de l’exil» qu’il tente de saisir. Après Dans l’infinité des déserts (Albin Michel, 2021), William Atkins signe une réflexion protéiforme sur le déracinement, à la frontière de l’essai historique et du récit du voyage.

Les premières pages racontant les débuts de ces personnages peuvent être lues comme un roman. On s’imagine facilement «les cadavres [qui] jonchent les rues» lors de la Commune en 1871 et Louise, marchant aux côtés des insurgés. Dinuzulu kaCetshwayo, lui, se bat très jeune contre les forces armées de l’empire britannique qui divisent le Zoulouland en treize petits territoires. Il voit son statut de roi dégradé à celui de chef d’une seule circonscription. Quant à Lev Shternberg, le quartier d’intellectuels et d’écrivains juifs dans lequel il grandit le prédispo