Il ne voulait pas écrire ce livre. La confidence apparaît à la fin du récit et à la naissance de sa fille. Il a fallu la paternité et aussi la mort de sa mère, pour que cet Homme aux deux visages s’avance et s’impose. Avec ce texte qui marque une pause dans un cycle romanesque habile, féroce et drôle − le Sympathisant, Pulitzer 2016, et le Dévoué −, Viet Thanh Nguyen emprunte un chemin autobiographique bien plus marqué. Et met en sommeil son personnage d’espion double et ambigu. A lire ce récit, on comprend pourquoi l’auteur n’était guère enclin à investir le terrain intime. Même s’il parvient à «re-composer des jours heureux», Viet Thanh Nguyen affronte aussi le traumatisme, la «mémoire malheureuse», selon l’expression de Paul Ricœur, et la culpabilité.
Grandeur-blancheur
De la fuite du Vietnam à 5 ans à l’éclatement-retrouvailles de la famille ; de l’abandon de la sœur adoptée à l’i