Le livre sur la place
Critiques, interviews, sélection... «Libé» vous guide dans les allées de la 47e édition du Salon du livre de Nancy, grand rendez-vous de la rentrée littéraire, qui se tient du 12 au 14 septembre.
Le personnage principal de ce livre, bizarrement, n’est ni la narratrice, ni son père, ni sa grand-mère pourtant omniprésents dans ce récit, non, c’est un gâteau. Un riz au lait à la cannelle, symbole de l’enfance, de la gourmandise, du réconfort, sa seule évocation fait aussitôt monter la salive à la bouche. Ce gâteau, préparé pour l’anniversaire du deuxième fils, Jean, c’est à lui que se raccroche Enriqueta, la grand-mère de Léonor de Récondo, alors qu’en ce jour de 1936 les franquistes menacent sa maison d’Irun. Ou plutôt c’est à la spatule en bois qu’elle s’agrippe alors qu’elle remue sans relâche le riz en train de confire dans le lait afin que les grains n’attachent pas au fond de la casserole. Cette spatule la ramène au réel, et donc à la vie, quand dehors la mort rôde.
«Tu éteins le feu. Les gestes quotidiens reviennent. Tu te dis que si tu retrouves les gestes rien ne disparaîtra. Tout est là, dans le secret de cette répétition, écrit Léonor de Récondo. Tu examines l’adhérence du riz sur la spatule. Excellente, sans aucun doute. Le gâteau ne sera jamais aussi bon. Tu le sais, comme pour la dernière Cène. Ça te traverse l’esprit, la dernière Cène. La première pour moi. Tu vas chercher le pl