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Roman

Dans «Peau d’ourse» de Grégory Le Floch, les homophobes en prennent pour leur plantigrade

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Le romancier raconte la métamorphose et la vengeance d’une adolescente des Pyrénées, mise au ban parce que lesbienne et alliée à ses «sœurs-les-montagnes».

Dans ce troisième roman, Grégory Le Floch se met donc dans la peau d’une adolescente qui se met dans la peau d’un ours. (Sabrina Biancuzzi/VOZ'Image)
Publié le 17/10/2025 à 14h51

Peau d’ourse est-il un livre de saison, comme il y a des haïkus pour chaque étape de l’année ? En tous les cas, Gregory Le Floch saisit en maître l’ivresse printanière. Son roman se passe dans les Pyrénées et c’est une célébration. «C’est la fin du printemps, une période étrange de folie où les plantes suintent, où la sève dégouline, où tout appelle au sexe. Dans la montagne, en ce moment, l’air est saturé de grains de pollen, ça vole, envahit tout, recouvre tout, les pierres, les animaux, moi. Ça s’immisce au fond des poches, dans les chaussettes et sous la langue. Que tu le veuilles ou non, en marchant ici tu participes à une baise générale. On te demande pas ton avis. C’est la saison qui veut ça, t’es prise dans le tourbillon. La montagne est en chaleur, elle pousse un gémissement qui s’arrête même pas la nuit (le jour où je ferai l’amour pour la première fois, moi, je ferai ce genre de bruit, c’est promis.)»

Celle qui parle est une adolescente, 16 ans, 100 kilos. On l’appelle «Mont perdu», en référence à une hauteur du coin et à son volume. Avant elle s’appelait Nina, mais elle a depuis longtemps laissé tomber son prénom de naissance et les robes choisi