Peau d’ourse est-il un livre de saison, comme il y a des haïkus pour chaque étape de l’année ? En tous les cas, Gregory Le Floch saisit en maître l’ivresse printanière. Son roman se passe dans les Pyrénées et c’est une célébration. «C’est la fin du printemps, une période étrange de folie où les plantes suintent, où la sève dégouline, où tout appelle au sexe. Dans la montagne, en ce moment, l’air est saturé de grains de pollen, ça vole, envahit tout, recouvre tout, les pierres, les animaux, moi. Ça s’immisce au fond des poches, dans les chaussettes et sous la langue. Que tu le veuilles ou non, en marchant ici tu participes à une baise générale. On te demande pas ton avis. C’est la saison qui veut ça, t’es prise dans le tourbillon. La montagne est en chaleur, elle pousse un gémissement qui s’arrête même pas la nuit (le jour où je ferai l’amour pour la première fois, moi, je ferai ce genre de bruit, c’est promis.)»
Celle qui parle est une adolescente, 16 ans, 100 kilos. On l’appelle «Mont perdu», en référence à une hauteur du coin et à son volume. Avant elle s’appelait Nina, mais elle a depuis longtemps laissé tomber son prénom de naissance et les robes choisi