David Thomas ne pratique pas l’autofiction. Il est l’auteur de recueils de nouvelles très brèves, dont la finesse, la poésie, l’inventivité ont été récompensées de plusieurs prix. Mais pour une fois, dans Un frère, quand il écrit «je» il s’agit pleinement de lui et non d’un personnage fictif. La situation exceptionnelle qui le conduit à cet usage exceptionnel de la première personne est le besoin de raconter la vie chaotique et la fin de l’un de ses deux frères, Edouard, schizophrène. Il est mort le 18 juin 2022, chez lui, d’un double AVC, «ischémique et hémorragique. Ce n’est pas la schizophrénie qui l’a tué, c’est son mode de vie. Le tabac, l’alcool, le cannabis, la sédentarité. Mais ce mode de vie est la résultante de sa pathologie.» L’écrivain précise que «la médecine s’approche de la certitude que les maladies psychotiques sont neurodéveloppementales. Nous sommes sortis de ce qu’ont pu affirmer la psychanalyse et la psychiatrie débutante désignant la relation à la mère comme déclencheur de la maladie.»
Rares éclaircies
Le portrait d’Edouard Thomas se dessine à travers des scènes concises qui finirent par contenir toute son existence tant elles devenaient