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Roman

«De mères en fils» d’Adam Haslett : trois fois lien

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Le nouveau roman de l’auteur américain fait alterner les voix et les souvenirs d’un quadra et sa mère.
Adam Haslett en 2009. (Beowulf Sheehan/Opale)
publié le 20 juin 2025 à 13h40

Une femme se tient à la fenêtre et regarde dehors, comme dans un tableau d’Edward Hopper. Il fait noir à l’intérieur et à l’extérieur. Elle observe l’allée où son fils vient d’être déposé en voiture. «Elle a vu Jared me déposer, elle m’a entendu entrer dans la maison, entrer dans cette pièce – forcément. Pourtant, elle ne bouge pas. Ma mère prêtre. Ma mère veuve. Est-elle vraiment en deuil ? Ou est-elle soulagée que mon père soit parti ?» Puisque nous venons de commencer le livre, nous ne sommes pas censés tout comprendre – d’où vient le fils ? Qui est la mère ? –, mais cette ouverture (trois paragraphes) se fige dans l’esprit du lecteur aussi sûrement que pour les personnages. Car le fait est que la mère ne se retourne pas et que le fils reste derrière, à l’observer, elle, de dos. Combien de temps faut-il pour faire face à son enfant, son parent ? A plusieurs reprises, le roman notera par la suite que ce n’est pas chose commune de se regarder dans les yeux, qu’on peut tenir toute une scène sans le faire vraiment, jusqu’à ce que.

Peter, la quarantaine, est avocat à New York, spécialisé dans les demandes de droits d’asile. Son quotidien consiste à écouter des gens ay