Happée sur les réseaux sociaux, cette comparaison audacieuse : «Pour moi il y avait le Petit Prince. Maintenant il y a le Petit Prince et Rousse.» Plus précisément Rousse ou les beaux habitants de l’univers, le premier roman de Denis Infante. On comprend parfaitement le sens du rapprochement : ce texte paraît intemporel et universel. Et les héros des deux livres semblent avoir ce même pouvoir de s’émanciper de l’œuvre avec une sorte d’aura. Si le renard du Petit Prince lui déconseille de fréquenter les hommes par trop guerriers, la renarde de Rousse ne les a pas connus. Le roman de Denis Infante s’inscrit dans la lignée des dystopies postapocalyptiques qui ravagent la Terre de crises, pandémies, réchauffement climatique et autres nuages atomiques. L’humanité ici a même vraiment disparu, il ne reste que de vieux artefacts et des squelettes de notre espèce que la renarde a baptisée «faces plates». Mais à la différence des nombreuses anticipations démonstratives qui se poussent du col aujourd’hui, Rousse n’épilogue pas. Elle se concentre avant tout sur l’odyssée de cette renarde vigoureuse et intrépide qui quitte ses amis et son bois chéri menacé par la sécheresse, pour un ailleurs plus humide. Comme toute quête, elle se heurte à des embûches, manque mourir, se fait des amis (une ourse, un vieux et sage corbeau, un écureuil malicieux…).
Cette fable a un rythme particulier, au premier abord infantile, puis incroyablement naturel,