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Histoire

«Départager l’humanité», être humain de parts en parts

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Le cahier Livres de Libédossier
L’historien François Hartog détaille la succession de partages opérés avec les dieux, le Christ ou les pulsions pour définir la place des hommes sur Terre.
Illustration de Gustave Doré (1885) pour le chant XXIV du Purgatoire de «la Divine Comédie» de Dante. (Leemage. AFP)
publié le 22 janvier 2025 à 19h06

Le partage est le geste fondateur opéré par une culture afin de définir ce qu’est l’humain. Au long des pages de ce livre savant, François Hartog retrace la généalogie intellectuelle de ces partages fondateurs et de leurs déplacements successifs dans le cadre de la très longue durée de la culture occidentale.

La fameuse formule de Socrate «tous les hommes sont mortels» est au fondement du premier partage opéré par les Grecs entre les humains et les dieux. En réponse à cette infirmité, les humains ont trouvé une parade : s’inscrire dans la mémoire des vivants. Sur le chemin du retour vers Ithaque, Ulysse s’efforce d’échapper à la mort, mais surtout à une mort anonyme, comme celle qui se produit en mer, souligne l’historien. Une mort sublime, homérique, a pour contrepartie une gloire immortelle. Cicéron ne pense pas autre chose quand il explique que sans espoir d’immortalité, beaucoup de grands hommes ne se seraient pas sacrifiés pour la république. Une autre stratégie pour rendre acceptable la mortalité des humains est la distinction introduite par Platon entre le corps et l’âme. Entièrement différente du corps, l’âme est immortelle, s’en allant «vers d’autres dieux pour rendre des comptes». Une conséquence importante de cet autre partage est que la vie peut désormais s’envisager comme une préparation à la mort.

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