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Trilogie

«Dépendance» de Tove Ditlevsen, mariée piquée

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Le livre de la romancière et poète danoise est le dernier volet de sa «Trilogie de Copenhague», fresque autobiographique. Ce tome, qui commence pendant l’occupation allemande, enchaîne les mariages et les addictions.
Tove Ditlevsen en 1975. (Scanner report. TT News Agency. AFP)
publié le 15 novembre 2024 à 16h00

Avec Dépendance se termine la traduction de «La Trilogie de Copenhague», qui a permis de redécouvrir la romancière et poétesse danoise Tove Ditlevsen (1917-1976). En version originale, le titre est Gift, un mot qui veut dire à la fois «mariée» et «poison». Ditlevsen raconte dans ce dernier volet de ses mémoires, paru en 1971, comment elle s’est mariée quatre fois et comment elle a plongé dans l’addiction.

Son premier mari est Viggo F. Moller. Il a publié ses poèmes dans la revue Blé sauvage. On a vu dans le tome II, Jeunesse, que ça lui a valu d’être virée de son emploi au Bureau national du blé. La prenant pour une revue agricole, le patron l’a achetée et n’a pas apprécié de tomber sur des vers de la gamine de 20 ans. Puis Viggo F., comme on l’appelle, lui propose de publier un recueil. Ce sera Une jeune fille. «Mon cœur bat comme si j’étais amoureuse, et j’examine cet homme qui est à l’origine d’un tel bonheur en moi. Il est assis de l’autre côté de la table, recouverte d’une nappe vert bouteille. Nous buvons du thé dans des tasses vertes. Les rideaux sont verts, les vases et les pots sont verts et le rédacteur en chef est habillé en vert.» Le tome III commence là-dessus : «Tout est vert dans le salon, murs, tapis, rideaux, et je m’y sens toujours comme prisonnière d’une image.» On est en mai 1940. L’occupation allemande a débuté en avril.

Se servir des autres n’a rien d’immoral

Viggo F. a trente ans de plus qu’elle. Il lui ouvre le monde dont elle rêve depuis toute