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Histoire

Depuis la Renaissance, l’art ancien de «vendre son art»

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Les historiennes Sophie Cras et Charlotte Guichard montrent comment les pratiques artistiques s’inscrivent dans les réalités économiques. Et ce de tout temps, dans les ateliers de la Renaissance comme dans les salles de vente contemporaines.
«Girl with Balloon» de Bansky en 2019, dans un musée à Baden Baden, en Allemagne. (picture alliance/Picture Alliance. Getty Images)
publié le 17 juillet 2025 à 7h12

Contre le procès souvent fait à l’art contemporain de se compromettre de façon trop ostensible avec les valeurs mercantiles, Sophie Cras et Charlotte Guichard montrent que l’idéal d’un art «sans aucun mélange de commerce» est sans fondement. A partir de l’étude des pratiques, les deux historiennes de l’art illustrent de façon décisive comment les artistes, face à la nécessité de vendre leurs œuvres, ont de tout temps entretenu un rapport particulier avec l’argent.

A la Renaissance, le prix d’une œuvre dépend encore d’une conception artisanale, conformément aux réglementations des corporations. Ce qui n’empêche pas les artistes les plus talentueux d’être des maîtres en matière de négociation. La correspondance de Michel-Ange révèle l’attention qu’il porte au prix de ses œuvres de même que les écrits d’Albrecht Dürer qui prouvent combien l’argent est pour lui une préoccupation constante. C’est pourtant bien à la Renaissance que les humanistes inventent le modèle de l’artiste absolu, méprisant les contingences matérielles, dont les siècles suivants sont largement re