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Libération
Pourquoi ça marche

«Depuis toujours nous aimons les dimanches», liberté de la paresse

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Une invitation à ne rien faire par Lydie Salvayre.
Lydie Salvayre en 2021. (Nanda Gonzague/Divergence)
publié le 31 mars 2024 à 9h22

N’y a-t-il pas quelque contradiction à célébrer la paresse, à en égrener les vertus, à prouver qu’elle est «bonne conseillère», dans un petit livre qui montre qu’on a retroussé ses manches pour l’écrire ? Lydie Salvayre est-elle si paresseuse, qui a derrière elle une bibliographie longue de vingt-cinq titres, vingt-six en comptant celui-ci, Depuis toujours nous aimons les dimanches ? Réponse de l’intéressée elle-même, vers la fin de ce nouveau traité qui succède à Irréfutable essai de successologie : il ne faut pas confondre œuvre et travail. «Peut-on dire de Faulkner, de Woolf, de Modigliani, de Colette, d’un artisan amoureux de son métier, ou d’untel s’adonnant éperdument, impérieusement, irrésistiblement et sans relâche à la passion qui le porte, peut-on dire qu’ils travaillent, avec ce que ce mot trimballe de négativité ?»

Travaillons mieux, c’est-à-dire travaillons moins pour gagner plus, plus de liberté et d’intériorité, propose Lydie Salvayre. Mais commençons par ne rien faire. «Depuis toujours nous aimons lanterner, buller, extravaguer dans un parfait insouci du temps.» Cette inertie vitale est évidemment mal vue. Elle est subversive. Le marché est contre. Sont contre les tenants du travail comme valeur, ici nommés «les apologistes-du-travail-des-autres».

Qui parle ?

Le «nous» qui s’exprime n’est pas de majesté. Il s’agit du chœur des travailleuses, travailleurs, qui font le ménage dans les chambres d’hôtel, qui s’