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«Deux secondes d’air qui brûle» de Diaty Diallo lu par Clémence Schilder, travailleuse sociale

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui, un livre écrit en hommage à Gaye Camara, tué par la police à Epinay-sur-Seine en 2018.
Diaty Diallo en août 2023. (Idriss Bigou-Gilles/Hans Lucas)
par Clémence Schilder, travailleuse sociale en Seine-Saint-Denis
publié le 25 mai 2024 à 0h05

Tout commence une soirée d’été, «presque chiante», les flics débarquent lors d’un barbecue entre potes qui se passe dans la bonne ambiance. Il y a Samy, Astor, Chérif, Issa, Demba et Nil. Une fois de plus, il faut justifier son existence, ravaler sa colère et exécuter les ordres sans faire de commentaires pour que ça aille plus vite. Un harcèlement policier quotidien dans la banlieue parisienne. Dès les premières pages, le ton est fixé : «A toustes les humilié·e·s, les blessé·e·s, mutilé·e·s, violé·e·s, les incarcéré·e·s, pour les assassiné·e·s sur leurs deux-roues, ni oubli, ni pardon.» Mais ce soir-là ce n’est pas tout à fait pareil. En marge de l’interpellation, Samy sur une moto sans permis, fuit la peur au ventre de se faire serrer. La suite, les autres jeunes l’anticipent bien : «On savait qu’un jour ça irait plus loin qu’une gueule en sang. Qu’on finirait par perdre quelqu’un dans cette bataille qui n’est pas la nôtre. Une bataille à laquelle on n’a jamais pigé grand-chose. On savait qu’on perdrait quelqu’un, simplement on ne savait ni qui ni quand. On savait juste qu’il s’agirait de celui de trop.» Une goutte, un océan, de trop. Un adolescent arraché à la vie, la souffrance déborde du foyer pour atteindre la rue, c’est toute une communauté qui a mal. Car ce livre parle des endroits «où on laisse se délabrer les stades, où l’on confisque chaises et chichas, on spécule sur les endroits non construits, un endroit où ce qui procure de la joie ou d