Dickens alliait «une extravagance coutumière, proche de l’insanité, avec une sorte de modération intime, presque voisine de la faiblesse. […] Tous les caractères ordinaires de la faiblesse, il les avait : c’était un homme capable à tout moment de pleurer comme un enfant ; il était tellement sensible à la critique qu’on aurait cru que sa chair était à vif : il était si nerveux que, bien souvent dans sa vie, ses nerfs furent à l’origine d’incidents presque tragiques. Mais, dans les occasions où tous les hommes forts sont misérablement faibles, […] il était raide comme un sabre» : un homme «facile à blesser, mais impossible à tuer.» Chesterton a 32 ans lorsqu’il publie, en 1906, ce petit chef-d’œuvre biographique et critique sur Charles Dickens, mort quatre ans avant sa naissance. Avant et après lui, Dickens a fait l’objet d’un nombre considérable de textes. Entre autres, le mémorable article publié par George Orwell en 1940 (agressif envers Dickens comme envers Chesterton), la biographie de Peter Ackroyd (1 000 pages) et l’essai, d’une sensible clarté, de Jane Smiley. Le livre de Chesterton enthousiasmera les amateurs des deux écrivains, en attisant d’abord leur curiosité : comment l’auteur du Napoléon de Nothing Hil
Biographie
Dickens et Chesterton, le maître du paradoxe
Article réservé aux abonnés
Charles Dickens en 1842 par Francis Alexander. (Alamy)
par Philippe Lançon
publié le 24 mai 2024 à 12h41
Dans la même rubrique