Menu
Libération
Manuscrits

Dionys Mascolo, fragments pour une vie nue

Réservé aux abonnés

Le penseur, résistant et communiste excommunié, époux pendant dix ans de Marguerite Duras, avait laissé à sa mort des carnets manuscrits. Ils sortent vingt-huit ans plus tard sous le titre «Je suis ce qui me manque».

Portrait de Dionys Mascolo - DR / Archives Dionys Mascolo / IMEC.Portrait de Dionys Mascolo (sans date). Photo Archives Dionys Mascolo. IMEC (Archives Dionys Mascolo. IMEC)
Publié le 17/10/2025 à 16h54

Peut-on être un grand écrivain sans avoir écrit, c’est-à-dire écrit au sens où on l’entend généralement, sans avoir publié des fictions courtes ou épaisses, sans être poète ou dramaturge ? Sans doute. Roland Barthes s’est employé toute sa vie à la fiction sans en écrire aucune : il en a même fait un séminaire, la Préparation du roman, où il justifie sa science par ces deux phrases : «je vais faire comme si j’allais faire un roman. Je vais m’installer dans ce comme si.»

Le «comme si» romanesque (ou poétique), c’est un peu le sentiment qu’on a en découvrant ces extraits du journal de Dionys Mascolo (1916-1997), penseur et militant communiste, qui fut longtemps connu comme Monsieur Marguerite Duras et membre nodal du groupe «de la rue Saint-Benoît» – du nom du domicile de Duras. Leur mariage dura presque dix ans, de 1947 à 1956. Avant cela, Duras avait épousé Robert Antelme, déporté en 1944, que Mascolo ira chercher à Dachau en 1945. De ce drame, Duras tira la Douleur (1985) et Antelme