René Pommier (1933-2024) nous a quittés le 10 mai dernier. Auteur d’une quarantaine de livres, il appartenait à cette espèce rare des authentiques libres penseurs, lui qui disait que le seul événement de sa vie avait été la perte de la foi à l’âge (tardif) de 24 ans. À partir de là, il n’a eu de cesse de s’interroger sur tous les effets de soumission produits par les croyances religieuses ou intellectuelles, les secondes n’étant qu’un succédané des premières.
Qui était René Pommier ? Académiquement, un professeur de lettres spécialiste de la littérature française du XVIIe siècle qu’il a enseignée à l’université Paris-IV-Sorbonne comme maître de conférences pendant plus de vingt ans. Malheureusement, je l’ai croisé sans avoir eu la chance de suivre son enseignement : il partait à la retraite de Paris-IV alors que j’y entrais pour mes études de lettres et de philosophie… Beaucoup d’étudiants ont été marqués par les cours de René Pommier : la clarté, la précision et la rigueur de ses explications de texte, son point d’honneur à parler sans notes et à apprendre par cœur non seulement ses cours mais également tous les textes littéraires dont il proposait une explication.
Le lit de Procuste de la linguistique
Normalien, agrégé, docteur, il avait tous les titres requis pour faire une carrière parfaitement rectiligne. Le Conseil national des universités (CNU) a pourtant toujours bloqué au poste de maître de conférences ce provincial issu de Bourg-en-Bresse. Pourquoi ? Parce qu’il avait eu le malheur d’adresser des critiqu