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Libération
Le portrait

Djamel Cherigui, ivre de livres

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Poésiedossier
Ancien zonard accro à la boisson, l’épicier fou de lecture et fan de Napoléon publie un premier roman salué.
Djamel Cherigui chez lui, à Roubaix. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 18 avril 2021 à 16h26

Djamel Cherigui n’a ni Internet ni télé dans sa demeure. A quoi bon ? Ses livres ne laissent aucun espace et n’ont pas vocation à partager la place. Ils sont un millier selon son estimation. Ont tous perdus leur virginité selon son serment. Au pire, il les a commencés avant de les classer, aucun n’est là pour la frime. Il pense qu’ils ringardisent les séries, les films, les voix des acteurs. Des pages bien foutues suffisent à lui procurer un kif sans concurrent. On l’a cru sans douter quand il a dit «j’étais à Austerlitz, sur mon cheval» en enquillant des biographies de Napoléon. Il avait les yeux du rêveur pas tout à fait revenu du songe. On l’a écouté raconter sa méthode tout en délicatesse. Un ouvrage est cité dans un recueil qui le passionne ? Il se le procure illico : «Si j’aime un auteur, je vais aimer ce qu’il lit.» Voilà comment la Bible, Karine Tuil et Rousseau se retrouvent là, à Wasquehal, ville voisine de la Belgique. Voilà comment il cite des auteurs yiddish, lesquels lui rappellent sa grand-mère kabyle, conteuse qui s’ignorait. Elle aussi aimait lui parler des âmes possédées. On l’a croisé deux heures dans son appartement aux allures de planque, derrière un bureau où trône une statuette de moine. Mettons que son histoire est celle d’un «serial lecteur», devenu écrivain. La Sainte Touche, son premier roman, est l’une des attractions du printemps.

Il a lu énormément depuis sept ans. Et s’est mis à écrire sans trop savoir pourquoi, peut-être pa