A notre photographe qui lui lance : «Sacrés cheveux !» il répond sans ciller : «nous, les Arméniens, c’est vraiment tout ce qu’il nous reste.» Arthur Nersesian est à l’image exacte de ses livres : acide mais chaleureux ; tendre et cassant, comme du charbon. Auteur new-yorkais au sens le plus strict du terme («je suis né à New York, mon père est né à New York, mon grand-père est né à New York»), à l’unique différence que lui n’écrit pas sur New York mais contre New York. Une lutte brusque, acharnée, épuisante – lorsqu’il nous ouvre fin septembre la porte de sa chambre d’hôtel à Vincennes, où il est invité dans le cadre du festival America, on dirait le concurrent démoli d’un combat de gladiateurs : ébouriffé, hilare, s’accrochant aux restes d’un formidable désordre, étonné de tenir encore debout. Si, aux Etats-Unis, l’affrontement dure depuis plus de trente ans, au cours desquels il a publié onze romans et quatre pièces de théâtre, il n’en est en France qu’aux tout premiers rounds : Fuck Up, cultissime récit inaugural, a été traduit l’an dernier seulement, aux éditions la Croisée. Une errance électrique dans le New York des années 80 entre cinémas pornos, tarés cosmiques et flaques de vomi pantagruéliques, autoéditée au début des années 90, avant d’être repêchée de l’underground par Akashic Bo
Rencontre
«Dogrun» d’Arthur Nersesian, New York à rebours
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Le cahier Livres de Libédossier
Arthur Nersesian, à Paris, le 26 septembre. (Richard Dumas/Libération)
publié le 22 novembre 2024 à 15h39
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