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«Kolkhoze» d’Emmanuel Carrère : «Un livre de réconciliation», selon Dominique Rabaté, professeur de littérature

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Entretien sur la rentrée littéraire dominée par les récits de famille avec Dominique Rabaté, professeur de littérature française contemporaine à l’université Paris Cité.

Dominique Rabaté. (DR)
Publié le 05/09/2025 à 14h10

Dominique Rabaté, professeur de littérature française contemporaine à l’université Paris Cité où il dirige le Cerilac (Centre d’études et de recherches interdisciplinaires en lettres, arts et cinéma), revient sur le nombre important de récits familiaux en cette rentrée littéraire.

Il n’y a jamais eu autant de récits de famille en librairie, êtes-vous d’accord ?

C’est massif en effet cette année. On a l’impression de ne lire que des récits de dysfonctionnements familiaux. La catégorie «récits de filiation» définie par Dominique Viart [professeur à l’université Paris-Nanterre, spécialiste de la littérature française contemporaine, ndlr] fonctionne bien pour ce type de livres. Comment expliquer cette vague ? Désillusion du politique, retrait du collectif, recentrage sur les individus conçus comme des bouts de lignée familiale… On peut aussi y voir une inquiétude dans la mémoire de la transmission, le sentiment d’être débordé par l’époque. Alors on s’intéresse à l’oppression ordinaire, à la psychiatrisation de la déviance féminine, à la mise au jour du secret qui était tu.

Est-ce que c’est aussi parce que cela se vend ?

Cela devient sans doute un fonds de commerce. On peut parler d’uniformisation de l’éditorial liée aux choix des éditeurs : s’il y a un secret dans le placard, un abus sexuel ou un ancêtre effacé, c’est porteur. On voit cette même tendance au cinéma qui porte un intérêt croissant pour le documentaire et pour le réel. Je trouve que La