A l’occasion du Festival du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément de 8 pages spécial Québec. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.
Dommage d’Alexandre Gouttard est un livre marquant à plusieurs égards. Il va d’abord à l’encontre de tout ce qu’il serait convenable d’écrire ; il ne favorise pas un mode de lecture gentil et innocent. Ce texte assez massif ne conviendra pas à celleux qui cherchent dans la littérature du confort, du divertissement, de belles métaphores lyriques ; Dommage ne relève pas de l’entertainment, en dépit de sa langue tout à fait accessible et sa prise de distance à l’égard d’une poésie très loin du sol.
D’abord, le personnage d’Alejandro-Alejandra dérange. Il rappelle Maldoror en non-violent. Il est grossier, moqueur, souvent mystique ; il parle (à qui ?) de la drogue, des chiens errants, du confinement, de ses fautes morales ; il s’empêtre dans des anecdotes bizarres qui suscitent en nous un sentiment constant de malaise ; les titres des parties («Attaque, Hallelujah, attaque», «Demortalizer», «La tentation de guérir») donnent d’ailleurs vite le ton cynique de l’ouvrage. Et il arrive que la voix change brutalement, que son ton de