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Dans la rue, personne ne la remarque. Avec son look de dame bien coiffée, ses tenues sobres et ses talons plats, Donna Leon ne paye pas de mine et sait en faire un atout. Regardez-la se comporter dans les transports en commun. Elle se tient légèrement penchée pour mieux écouter les conversations de ses voisins et se fabriquer mentalement une scène de crime à partir d’un simple détail. «Depuis que j’ai commencé à écrire des romans policiers, écrit-elle dans ses mémoires, c’est devenu une seconde nature, à l’instar d’un liseron qui cherche la lumière, ou d’un potiron poussant au sommet d’un tas de compost.» Même à Venise, où elle vécut plus de quarante ans, la romancière est toujours passée inaperçue. Pour envisager les nouvelles aventures de son héros, le commissaire Guido Brunetti, Donna Leon pouvait se promener partout, marcher des kilomètres dans les ruelles, franchir les ponts, commander un capuccino, personne ne l’accostait. Ce sont les visiteurs, trop nombreux dans la ville, jusqu’à l’île de la Giudecca, qui l’ont poussée à fuir. Sans aller trop loin car elle vit désormais en Suisse, à quelques kilomètres de la frontière italienne. «Pour continuer à entendre parler italien et aller y prendre à pied mon espresso macchiato, qui est forcément meilleur que dans mon village suisse», assure-t-elle en riant. Désormais, elle