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Roman graphique

Du Collège de France à la ZAD, les bulles subversives de Descola et Pignocchi

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Le cahier Livres de Libédossier
L’anthropologue et l’auteur de BD écologiste signent un foisonnant roman graphique, «Ethnographies des mondes à venir».
Macron prêt à défaire la suprématie de la sphère économique ? (Alessandro Pignocchi/Ed. Seuil «Anthropocène»)
publié le 13 octobre 2022 à 4h54

Il était une fois… un chercheur et auteur de bande dessinée écologiste, Alessandro Pignocchi, qui rencontra un professeur au Collègue de France, Philippe Descola. Le courant passa bien entre eux au point que Descola trouva dans l’approche de Pignocchi une autre façon de pratiquer «le regard éloigné». Derechef notre auteur de BD alla sur le terrain de l’anthropologue, chez les indiens Achuar en Amazonie, avec sous le bras un des livres de Descola, les Lances du crépuscule, pour tenter de mieux comprendre les rapports entre nature et culture, fil rouge de l’œuvre de Descola. Mais on ne fait pas de l’anthropologie en quelques semaines et sans parler la langue de ceux qui vous accueillent. Pignocchi découvrit en tout cas que le concept de nature, loin de désigner une réalité objective, était une construction de l’Occident moderne. Du coup notre chercheur bédéiste changea son crayon d’épaule et profitant de sa sensibilité naissante pour l’écologie politique, invita, quelques années plus tard, Philippe Descola et sa compagne Anne-Christine Taylor, à venir découvrir la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, «ces terres où l’on détricote méticuleusement, de façon réflexive ou non, la distinction entre nature et culture». Le professeur au Collège de France y a donné cette année une conférence inaugurale à l’attention des élèves de Sciences-Po.

Des mésanges sous acide échangent des propos bien sentis

Entre-temps il y eut la gestation de ce livre, fruit d’entretiens libres entre les deux hommes. Ouvrage profondément original tant sur la