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Du jasmin à la bergamote, le plein d’essences de Dominique Roques

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Dans «Cueilleur d’essences», le «sourceur» raconte comment il récolte les parfums de la nature avant qu’ils ne soient mis en flacons.
Récolte du jasmin entrant dans la composition du Chanel N°5, à La Roquette-sur-Siagne (Alpes-Maritimes). (Valery Hache/AFP)
publié le 18 mars 2021 à 5h02

Il n’est ni chasseur-cueilleur ni parfumeur. Il n’est pas non plus exactement ce que l’on appelle un nez, mais un peu tout de même. Dominique Roques est sourceur. Depuis trente ans, il parcourt les pays de tous les continents. Il cherche des essences qu’il achète pour ceux qui en composeront des parfums. Dans Cueilleur d’essences, cet homme raconte peu de choses sur lui, mais beaucoup sur l’histoire «de la récolte des parfums de la nature, jamais interrompue depuis plus de trois mille ans». Le livre d’une érudition aérée est un écrin de douceur et d’intelligence. Chacun des dix-huit chapitres est dédié à une «essence». Précipitons-nous sur nos préférées, le jasmin par exemple. Il existe le jasmin de Grasse, à grandes fleurs, et le jasmin d’Inde, «plus charnu, moins fragile». Dans le panthéon intime de Dominique Roques, le jasmin semble aussi tenir une place particulière : «L’odeur du jasmin incarne pour moi quelque chose de l’ordre de la beauté absolue. En arrivant à notre cerveau, le parfum de ses fleurs déclenche une immédiate sensation de bonheur. Narcotique et envoûtant, à la fois familier et lointain, le jasmin nous trouble, évocation de la douceur des jardins méditerranéens, mêlée à des effluves exotiques capiteux, presque animaux.»

L’un des charmes de ce livre tient aux mots que l’auteur met sur des sensations que nous ne saurions bien définir mais que nous partageons. Le jasmin fut apporté par les Arabes en Espagne, en Italie et en F