C’est une ferme où l’on naît du côté gauche de la maison, et où l’on meurt du côté droit. Une longère qui s’étire comme une vie, avec l’étable toute proche. Un pépé, une mémé, une gamine incontrôlable, beaucoup de vaches. Annie Ernaux vient à l’esprit quand on lit Du même bois – sans la portée sociologique, mais pour le portrait d’existences modestes, dures. Marion Fayolle raconte une de ces familles où l’intimité entre les êtres, la proximité permanente entre les générations, n’empêchent pas les non-dits. Les vieilles photos ressorties d’un tiroir permettent juste de les raviver – et ce qui était tu le restes.
Dans cette galerie de personnages, il y a «ce gosse» jamais adopté, mais nourri, aimé, qui à la mort de pépé, aura pour tout héritage une veste, un pantalon et des chaussures. Il y a «la gamine» dont on suit la naissance, quelques jours après un veau, l’enfance, l’adolescence, l’entrée dans l’âge adulte. On ne sait pas trop ce qui cloche chez elle, avec ses «bêtes dans la tête». «Ses colères fissurent le Placoplâtre, ses mains s’arrachent des cheveux par poignées. […] Ses parents ne savent plus comment s’y prendre, ça remonte en eux par capillarité. Elle leur rend une tristesse qu’ils lui ont transmise.» Il est beaucoup question de cela, dans Du même bois : ce qu’on se transmet malgr